Quand les modifications de l’algorithme du Nutri-Score, qui seront introduites en janvier 2024 pourraient pousser les industriels à proposer des produits plus sains mais ……

que ceux-ci préfèrent avoir une attitude malhonnête 

Article Publié le 22/11/2023 dans le JIM par Raphaël Lichten

Six ans après son introduction en France, le Nutri-Score s’apprête à changer en 2024. Avec plusieurs modifications dans son système de calcul, un certain nombre de produits vont voir leur note rétrograder, une perspective qui inquiète l’industrie agroalimentaire.

Laits végétaux, yaourts à boire ou encore céréales de petit-déjeuner : ces catégories d’aliments sont les grands perdants des modifications à l’algorithme du Nutri-Score, qui seront introduites en janvier 2024.

Fruit de deux années de travail, ces nouvelles règles devraient davantage pénaliser les aliments dont la teneur en gras, en sucre et en sel est importante. De même, les protéines provenant de la viande rouge et les produits laitiers devraient pâtir de la nouvelle formule.

Les laits végétaux et les sodas, grands perdants de la nouvelle formule

Dans les faits, les laits végétaux — lait de soja, d’amande, d’avoine… — vont passer de A ou B à E et les yaourts à boire passeront de A ou B à D ou E. Ces laits, tout comme les yaourts à boire, vont d’ailleurs être requalifiés en « boisson », et non plus en produit laitier, comme c’était le cas auparavant. Pour ces produits, l’enjeu est de mieux informer les consommateurs sur leur teneur en sucre.

De plus, les produits utilisant des édulcorants, comme les sodas « light » ou « zéro », devraient être rétrogradés d’un rang.

En revanche, plusieurs produits s’en sortent gagnants, comme les huiles peu saturées en acide gras, comme l’huile d’olive, l’huile de colza et l’huile de noix, qui pourraient passer de C à B.

Les industriels affichent leur mécontentement

Comme on pouvait s’en douter, l’industrie agroalimentaire a dénoncé ces changements, qui devraient pourtant être bénéfique pour les consommateurs.

Bjorg, spécialiste des produits bio et des laits végétaux, a d’ores et déjà fait connaitre sa volonté d’abandonner le Nutri-Score pour le Planet-Score, un autre système d’étiquetage nutritionnel fondé sur l’impact environnemental des produits. Un tour de passe-passe qui lui permettra d’éviter de voir la note de ses produits s’effondrer… « D’après nos calculs, la moitié des biscuits commercialisés sous cette marque se seraient vu noter E, dès 2024, et un tiers de ses boissons végétales seraient tombés de A ou B à D ou E », précise effectivement l’UFC Que-Choisir.

Le Pr Serge Hercberg, fondateur du Nutri-Score, a dénoncé une « attitude malhonnête » de la part de la marque française.

Selon lui, le système Nutri-Score est justement conçu pour pousser les industriels à faire évoluer leurs produits. « Un fabricant qui aura fait des efforts sur ses recettes sera toujours mieux noté qu’un autre qui n’en fait pas. Les démarches d’amélioration sont toujours récompensées », a-t-il affirmé.

L’évolution des règles et de l’algorithme est logique et avait d’ailleurs été prévue dès le départ : le Nutri-Score s’adapte et continuera à s’adapter en fonction des nouvelles connaissances scientifiques, mais aussi de l’apparition de nouveaux produits (viande de synthèse…).

En fin de compte, le système remplit sa part du marché, en poussant les industriels à proposer des produits plus sains, tout en leur accordant un bénéfice commercial indéniable : selon le panéliste IRI, une notation A ou B a un impact positif sur les ventes de l’ordre de 2 à 5 %. Les produits mal notés (D ou E) connaissent, en revanche, un impact négatif estimé à 2 ou 3 % de ventes en moins.

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